La pourrais-je oublier, cette nuit chaude et noire ?
Son souvenir maudit me harcèle et me ronge.
Elle est à tout jamais gravée dans ma mémoire.
J’ai fait, cette nuit là, un bien étrange songe.
L’air était suffocant, pesante l’atmosphère ;
La lune se voilait dans de moites vapeurs.
Pas un bruit ne perçait. Qu’y pouvais-je bien faire ?
Enfin, je m’alanguis dans ma lourde torpeur.
Ecrasés sous le poids de ce profond silence,
Mes paupières sans vie, mon corps inexistant,
Envolée dans la nuit, ma frêle vigilance,
Ainsi, je sommeillais depuis déjà longtemps.
Tout n’était, pour l’instant que ténèbres obscures,
Le néant, puis soudain, la nuit s’illumina.
Une femme assez jeune, élégante d’allure,
Vint troubler mon repos : la Vénus Athéna.
Un opaque brouillard autour d’elle flottait
Dont je revois encor la blancheur incroyable.
Au cœur de ce cocon de tendre volupté,
Elle était là dressée, terrible, formidable.
A partir de ses seins jusqu’au bas des chevilles,
Un drap de satin noir finement l’enlaçait,
Et dans ce vêtement au couleur de pupilles,
Trônait une sylphide au corps très élancé.
La brume aux tons blafards, la brune chevelure,
L’éclatante noirceur de l’habit pathétique,
La peau douce de lait, diaphane et si pure
Eclairaient ce tableau de lueurs féériques.
Et qu’il était frappant son visage immobile,
Où la moindre pensée affleurait mais, ô rage !,
Mon cerveau demeuré, apathique et débile
Etait trop aveuglé pour prendre son message.
Cette femme était belle, et belle à en mourir,
Sans être pour autant d’une beauté banale.
Ce n’est pas la beauté qu’ébloui l’on admire ;
La sienne est éthérée ; on la sent qui s’exhale.
La nuit s’est achevée, me rendant mes esprits.
J’ai souffert impuissant d’un amour onirique,
De l’avoir trop aimée et de m’en être épris,
C’était, tout simplement, un rêve platonique.
Rémy